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#28 - Au bureau, cadrez les casse-pieds !

Au bureau, cadrez les casse-pieds

Vous rentrez de vacances, bronzé(e), reposé(e), re-énergétisé(e). D'ailleurs, les vacances, ça sert à cela : à recharger ses batteries, n'est-ce pas ? Vous vous sentez dynamique, positif, vos manches sont retroussées et vous vous attelez guilleret au dossier Dupont & co, un sacré gros morceau mais vous vous êtes fixé le défi de l'avoir traité avant le déjeuner. C'était compter sans Suzie, qui passe la tête dans l'entrebâillement de la porte en susurrant « Je ne te dérange pas ? ».

Après s'être brièvement informée de vos vacances qui lui rappellent au passage celles qu'elle avait passées en 2019 à Bénodet et qu'elle vous narre longuement, elle entreprend de vous raconter tous les malheurs qu'elle et les siens ont vécu en votre absence. Des dernières mesquineries du boss à son égard à l'opération de sa belle-mère, elle ne vous épargnera aucun détail. Bien que sentant l'impatience vous gagner et malgré quelques tentatives pour lui couper la parole, vous subirez poliment l'énumération jusqu'au moment béni où un autre collègue viendra vous délivrer en signalant à Suzie que le standard la cherche partout pour lui passer des appels urgents.

Outre le temps perdu (vous n'aurez pas fini ce dossier à l'heure du déjeuner), vous vous sentez déjà, dès la première matinée de reprise, vidé et morose. C'est trop bête ! Alors pour cette rentrée, apprenez à vous protéger des emm… qui dilapident vos énergies !

 

Ouvrez l'oeil, et le bon !

Pour bien vous protéger, il faut commencer par prendre du recul et observer ce qui se passe. Cela vous permettra de repérer ceux de vos collègues dont la fréquentation vous met les batteries à plat. Cela peut être flagrant ou insidieux. Par exemple, vous pouvez ressentir de la rage ou du désespoir dès la fin de l'interaction avec un collègue bien repéré comme étant la source de votre émotion ou sentir monter sournoisement un mal être diffus pour lequel il vous faudra beaucoup de temps avant de réaliser que c'est depuis que vous avez croisé Bertrand, animateur vedette de «Radio-bruits de couloir» que vous vous sentez mal, que ce mal-être c'est de l'inquiétude, et que cette inquiétude vient de ses insinuations sur un éventuel licenciement dans votre service dont il aurait eu vent par une personne «bien informée». Sournois ou plus directs, ces collègues toxiques une fois identifiés, vont pouvoir être classifiés selon leur technique en trois catégories.

 

Coupez le débit du robinet

La catégorie la plus courante est celle des échanges négatifs et stériles, comme ceux de Suzie, «victime professionnelle diplômée», passive, pleurnicharde, avide d'attention et de pitié ou comme ceux provenant de «Radio-bruits de couloir» qui cherche à se faire passer pour bien informé, sans oublier le fiel distillé par «Miss ou Mister Zizanie» vous rapportant avec une délectation mal contenue tout ce qui pourrait vous faire prendre en grippe un de vos collègues. La seule parade efficace est de clouer fermement le clapet de ces bavards avec des phrases préparées d'avance du genre «Nous avons tous nos difficultés, c'est la vie!» , «Attendons la note de service qui confirmera l’information avant de nous emballer» ou «Si X a quelque chose à me faire savoir, il/elle est assez grand(e) pour me le dire tout(e) seul(e)».

Et toc !

 

Monopoly géant

La deuxième source de perte d'énergie provient des jeux de pouvoir (surtout quand on y perd !).

Suzie la bavarde s'est peut-être empressée de dire au boss : «Je sors du bureau de Nadine. La pauvre, elle ne s'en sort pas avec le dossier Dupont & co. Pourtant, elle devrait être reposée, elle rentre de vacances. Elle ne doit pas avoir l'envergure suffisante pour ce genre d'affaires. Si vous voulez, moi qui ai plus d'expérience, je peux m'en charger...» Scandaleux, n’est-ce pas ? Mais avant de hurler «Quelle s…, cette Suzie !», soyez réaliste et logique : les jeux de pouvoir font partie du monde des adultes et surtout du monde de l'entreprise. Ils peuvent même devenir très ludiques quand on en connaît les règles et qu'on dédramatise les enjeux. Pensez au Monopoly de votre enfance, c'était plutôt rigolo d'y jouer. Et bien, votre entreprise peut devenir un terrain de jeu équivalent.

Apprenez les règles des jeux de pouvoir, regardez le film Working Girl et amusez-vous en travaillant !

 

La guerre des nerfs

La troisième façon de gaspiller ses énergies est de se laisser entraîner dans une guerre des nerfs. Deux types d'experts sévissent en ce domaine.

Miss Méduse dont la capacité d'inertie est phénoménale : elle sait opposer à la sonnerie du téléphone une surdité totale, quitter le bureau aux heures d'intense activité pour aller bavarder dans un autre service et revenir après le coup de feu, rester de marbre devant le stress et le surmenage de ses collègues et affirmer au boss avec une candeur désarmante que c'est parce que vous n'êtes pas organisé que vous vous surmenez. La preuve, est-ce qu'elle s'énerve, elle ? Bref, proche de la méduse par sa flaccidité, elle en a aussi les propriétés urticantes.

Quant à Mister Bouledogue, il montre les dents et aboie à la moindre contrariété et surtout quand on menace la tranquillité de sa niche. Réputé soupe au lait, il joue de ses colères feintes et de la terreur qu'elles inspirent pour éviter toute discussion dérangeante.

Pour contrer ces pratiques, faites redéfinir clairement votre poste avec toutes les précisions utiles sur les tâches qui vous incombent et celles qui ne sont pas de votre ressort puis lâchez prise pour ce qui n'est pas de votre responsabilité.

 

L'enquiquineur le plus redouté des entreprises

Enfin, pour être tout à fait complet dans votre connaissance des casse-pieds et pour faire aussi votre examen de conscience, en plus des catégories précédemment citées, il reste deux sortes de défauts en entreprise et qui pourraient faire de vous un sacré casse-pieds aussi.

 

Le premier est de ne pas avoir le sens de la hiérarchie.

Pour la plupart des employés, le chef, c'est celui qui est désigné comme tel. S'il donne un ordre, et même si cet ordre est stupide, ils ne le discutent pas et l'exécutent sans délai. Ils pensent que la direction sait ce qu'elle fait et prend ses responsabilités. Pour certains en revanche, avoir le titre de chef ne suffit pas. Encore faut-il que le dit-chef soit jugé compétent et qu'il donne des ordres qui paraissent sensés (d'après vos critères, bien sûr). Dans le cas contraire, les ordres seront longuement discutés et débattus dans un esprit de collaboration constructive d'ailleurs, et le chef jugé incompétent sera rejeté (ou pris en main pour être amélioré). Attitude déroutante et détestable pour bien des directions d'entreprise qui prennent cette bonne volonté encombrante pour un refus d’obtempérer.

 

Et le deuxième défaut est d'avoir un degré d'exigence supérieur à celui de sa direction.

Pointilleux et critique, le perfectionniste ne laissera passer aucune erreur, aucune incompétence, aucun gaspillage et surtout aucun illogisme. Sachez qu'être sans cesse pris en défaut par un employé modèle et critique est exaspérant et déprimant pour un patron.

 

 

Mais maintenant, vous voilà prévenu(e).

Alors bonne rentrée à vous !

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Souma (vendredi, 09 février 2024 17:33)

    Bonjour,
    Merci pour cet article qui m'est très utile. Lequel de vos livres et/ou cahier d'exercices peut m'aider à prendre de la distance émotionnelle au travail, notamment avec mes collègues et la hiérarchie ?
    Je suis trop impliquée émotionnellement au travail et cela me fatigue beaucoup.
    Merci d'avance de votre réponse.
    Bien à vous,