Savoir bien se disputer en couple
pour pouvoir mieux s'aimer
Quelle étrange idée de proposer aux amoureux d’apprendre à se disputer ! Le paradoxe n’est qu’apparent. En effet, les conflits sont une composante naturelle de la vie en général et de la vie de couple en particulier. Ils sont indispensables pour faire respecter l’individualité et l’espace personnel de chacun, donc pour maintenir l’équilibre des pouvoirs dans la relation. Et c’est dès le départ qu’il faut prendre la bonne habitude de rendre ces inévitables disputes intelligentes et constructives.
Coordination de toutes les données
Bien entendu, lorsqu’un couple est fraîchement formé, il est très amoureux et sûr que tout va bien se passer. On le lui a promis dans son enfance : « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfant » disent les contes de fée. Pourtant, dès sa mise en ménage, ce couple va devoir fournir un énorme effort d’adaptation pour mettre au point les règles de sa vie commune. L’intimité de deux personnes vivant sous le même toit ne va pas de soi et rend indispensables un certain nombre d’accords, de compromis, voire de concessions. Implicitement ou explicitement, les amoureux vont se trouver confrontés à un nombre exceptionnel de questions, des plus anodines « Où ranger le couteau à beurre ? » aux plus fondamentales « Quelles relations entretenir avec les beaux-parents ? ». L’harmonisation est à effectuer dans tous les domaines de la vie, des programmes télés aux carrières respectives, en passant par l’hygiène et la gestion de l’argent. La tâche est donc colossale ! Ce sont deux éducations, deux modes de pensées qui vont devoir se combiner.
Gérer ou esquiver les conflits ?
En parallèle de ces ajustements sur tous les détails pratiques du quotidien, le couple va devoir aussi s'accorder sur la façon de communiquer et de traiter ses litiges.
Le mode relationnel que le jeune couple met en place aura des implications profondes et durables. Y aura-t-il du respect et une écoute mutuelle ? Va-t-on pouvoir discuter, négocier ? Quel type de compromis va se généraliser ? L'un va-t-il céder systématiquement ? C’est important de s’interroger dès le début : « Cette façon de gérer les conflits sera-t-elle acceptable pour moi pendant 20 ou 30 ans ? » et de rectifier très vite si la réponse est non. Car ces mécanismes de résolution des problèmes fonctionneront pour toute la durée de la relation, y compris lors du divorce. Alors, vos conflits sont-ils stériles ou constructifs ? Pourrez-vous supporter pendant vingt ans sa mauvaise foi, son refus d’admettre sa part de responsabilité, son incapacité à présenter des excuses ?
Ne causons surtout pas de ce qui fâche !
Car voici ce qui risque d’arriver : au début, comme le couple est très amoureux, la relation baigne dans un climat d’indulgence réciproque. Alors, chacun évite toute critique ou polémique. Puis, à la longue, les sujets de disputes évités s’amoncellent. Les deux partenaires se retrouvent continuellement au bord de l’affrontement et ressentent une irritabilité mutuelle inexplicable. Les nuages s’accumulent dans leur ciel bleu, jusqu’à l’orage qui éclatera à propos d’une peccadille. La dispute sera vigoureuse et révèlera ouvertement tout ce qui, jusqu’alors, n’était que sous-entendu. Effrayé par la violence des émotions ressenties et le nombre de mésententes en suspens, le couple se réconcilie et jure de ne plus se disputer. Mais peu à peu, les sujets de discussion s'accumulent à nouveau jusqu’à ce qu’une nouvelle explosion et un nouvel affrontement aient lieu. Comme rien n’est résolu par la dispute, le ressentiment reste larvé, créant peu à peu un climat conjugal infect fait de colère rentrée, de sourde animosité, de mesquineries sournoises, de remarques perfides et de sabotage insidieux. Est-ce que ce fonctionnement vous convient ?
L'art de la scène de ménage
Pour que vos disputes soient utiles et constructives, Il y a quelques points clés à contrôler : il faut tout d’abord être sûr qu’il n’y a pas de « non-dits » entre vous en dehors de vos jardins secrets respectifs. Les secrets, même si ce sont des cachotteries de collégiens, sont au mieux source de malentendus et au pire, font s’emballer l’imagination du partenaire, voire créent une véritable paranoïa. Ensuite, apprenez à confronter vos points de vue en sachant écouter, comprendre et respecter celui de l’autre. Vérifiez que vous avez la possibilité d’aborder tous les sujets sans que l’un des deux ne fuie la discussion ou cherche à intimider l’autre par des pleurs, des cris, des menaces ou de la culpabilisation. Puis, faites courageusement face à vos problèmes. Ils ne se résoudront pas tout seuls par enchantement. C’est à vous d’agir avant qu’ils ne s’enveniment. Enfin, chacun d’entre vous devra développer sa capacité à élaborer et proposer des solutions plurielles et créatives puis à les mettre en œuvre.
Intelligence émotionnelle à la rescousse
On considère que dans les conflits, il y a 20 % de données rationnelles et 80 % d’émotionnel. Quand on essaie de résoudre les conflits uniquement sur le plan rationnel, on ne résout que 20 % du problème, c’est-à-dire presque rien. Quand on s’intéresse directement à la blessure émotionnelle, le rationnel devient très accessoire. Alors rentrons directement dans le vif du sujet : que s’est-il passé au niveau émotionnel ? Pour moi ? Pour l’autre ? L’amour de ma vie s’est-il senti ignoré, méprisé, humilié, rejeté ? De quoi aurait besoin chacun d’entre nous pour se sentir entendu et compris ? N’est-ce pas l’occasion de se redire à quel point on s’aime et à quel point on souhaite résoudre ce conflit pour renforcer la complicité sans y perdre son unicité ?
C’est en se donnant dès le début les moyens de régler réellement les désaccords et de résoudre durablement ses problèmes, que le couple pourra se renforcer au fil des années.
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