Les enfants ne sont pas des adultes
Une frontière sacrée entre deux mondes
A la caisse du supermarché, une mère fait insérer sa carte bancaire dans le lecteur à un enfant de trois ans, puis lui tient le doigt pour composer le code secret. Elle en semble toute fière. Quel est le but de cette attitude ? Éduquer l’enfant ? A quoi ? Lui faire plaisir ? En quoi ? Qu’en aura réellement appris l’enfant ?
Le bébé est une personne
Ainsi, de toutes parts, les attitudes parentales consistant à adultifier les enfants se multiplient. On leur laisse enregistrer le message du répondeur : c’est tellement chou ! On leur demande leur avis sur tout : c’est tellement démocratique ! On les laisse choisir l’heure du coucher : ils savent tellement mieux que leurs parents ce qui est bon pour eux !
Les parents d’aujourd’hui sont, en toute bonne foi, persuadés d’être respectueux lorsqu’ils traitent d’égal à égal avec un tout petit. Françoise Dolto ne disait-elle pas : « le bébé est une personne » ? Mais Françoise Dolto n’a jamais prétendu que le bébé était une GRANDE personne ! Traiter un enfant en adulte est une violence insidieuse, parce qu’on le prive de son droit à l’enfance, à l’insouciance et surtout à la protection des plus grands.
Pouvoir et responsabilité
Il existe une frontière sacrée entre le monde de l’enfance et le monde des adultes.
La maltraitance commence par le déni de cette frontière. Les enfants sont petits, vulnérables et ignorants. Les adultes sont sensés être grands, protecteurs et expérimentés. Comment un enfant pourrait-il deviner tout seul qu’il doit se coucher tôt pour respecter son besoin physiologique de douze heures de sommeil, manger équilibré pour préserver sa santé et apprendre sans aide le goût de l’effort pour développer l’estime de lui ? Un enfant sans adulte responsable et protecteur à ses cotés pour le guider est un enfant abandonné. Par ailleurs, ce sont les adultes qui ont le pouvoir. Lorsqu’ils ne l’exercent pas et laissent les enfants sans cadrage, consignes et directives, ils les obligent à développer un sens des responsabilités disproportionné et angoissant.
La responsabilité sans pouvoir est une aliénation, le pouvoir sans responsabilité mène au délire et à l’absurde.
La confusion entre éducation et dressage
On parle de plus en plus de « parentalité positive ». Certains s’insurgent en prétendant « qu’une bonne paire de claques n’a jamais tué personne. », ce qui est faux. Un enfant meurt sous les coups de ses parents tous les cinq jours en France. D’autres s’imaginent respecter l’enfant en le traitant en petit prince tout puissant. Bercés de consignes éducatives théoriques, psychologisantes et trop souvent angélistes, les parents ont perdu tous leurs repères et ne savent plus quoi faire. Paradoxalement, c’est avec amour qu’ils dérivent vers cette maltraitance de l’abandon psychologique pour éviter l’autre. Culpabiliser les parents n’arrange rien. Alors, je vous propose de retrouver juste un peu de bon sens.
Le besoin d’un guide de vie
Si vous voulez faire de l’alpinisme, en personne avisée, vous solliciterez les services d’un guide de haute montagne, n’est-ce pas ? Qu’attendez-vous de ce guide ? Qu’il vous laisse partir en espadrilles et en débardeur ? Qu’il vous laisse choisir le chemin d’accès au sommet ? Qu’il vous laisse faire la fête au refuge jusqu’à 2h du mat pour un départ à 4h du matin ? Le trouveriez-vous professionnel de vous dire : « C’est le client qui décide. Moi, je m’adapte » ? Non, bien sûr ! Vous n’attendez pas non plus de lui qu’il vous crie dessus ni qu’il vous frappe. Dans ce contexte, vous en voyez toute l’absurdité. Vous attendez de lui qu’il connaisse la montagne, qu’il vous guide, vous protège et vous aide à progresser.
De la même façon, les enfants ont besoin de guides de vie, c’est-à-dire d’adultes compétents et bienveillants pour les protéger, les guider et les faire progresser. Il faudrait ne jamais oublier que les enfants sont petits et vulnérables et que les adultes sont grands et solides, que les adultes connaissent la vie et que les enfants ont tout à apprendre.
Être parent, c’est être un guide de vie, fort et puissant, montrant fièrement le bon chemin.
C’est ainsi que la société permettra aux enfants de vivre une véritable enfance.
Pour aller plus loin
"Bien communiquer avec son enfant", paru aux Éditions Jouvence.
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