Lorsqu'on utilise le terme de "croyance", la plupart des gens l'entendent dans le sens religieux. Pourtant, le domaine de nos croyances est beaucoup plus étendu que nous ne le soupçonnons. En effet, les humains ont des croyances personnelles sur tous les aspects de la vie. Elles concernent les causes à effets (c'est ainsi parce que…), la signification des choses (cela veut dire que…), les limites (c'est impossible), les capacités (je peux ou je n'y arriverai pas), et même les identités (je suis…, le monde est…, la vie est…).

Pour avoir la sensation de maîtriser son environnement, l'être humain a besoin de repères et d'une grille de décodage. Avide de logique et de cohérence, il aime vivre le monde à travers des normes : il faut, je dois, c'est bien, c'est juste. Voilà pourquoi il se crée des croyances qui lui donnent l'illusion de comprendre le monde.

Ces convictions fonctionnent ensuite comme des filtres qui trient la réalité et la déforment au besoin, pour qu'elle puisse entrer dans le cadre de ses certitudes. La réalité hors norme est non perçue ou rejetée. Toute remise en cause de ces croyances sera vécue comme une agression et une tentative de déstabilisation.

Il n'existe donc pas de vérité universelle. La science elle-même, malgré sa volonté d'être rationnelle, ne peut aller plus loin que ce qu'elle est capable de percevoir. Nos croyances scientifiques ont beaucoup évolué depuis l'invention du microscope. Alors, quelle différence entre croire et savoir ? Et bien savoir, c'est croire que l'on sait.

Autrefois, on "savait" que la terre était plate et il existait quelques idiots, dont Galilée, pour "croire" qu'elle était ronde. Plus une croyance est partagée, plus elle fait figure de vérité. C'est tout le danger de la pensée unique et du politiquement, scientifiquement ou historiquement correct. Mais, ça nous rassure tellement, même si on est dans l'erreur, que les autres pensent la même chose que nous !

Nos croyances pilotent nos comportements et définissent nos priorités. Il suffit donc de se poser la question : "Qu'est ce qui est important pour moi et pourquoi ?" pour les découvrir.

Nos croyances apparaissent aussi dans notre langage :

• Les petites phrases toutes faites

Les proverbes sont typiques de ces idées toutes faites assenées en "sagesse populaire". Il est amusant de noter que chaque proverbe a son contraire. Car s'il vaut mieux tenir que courir, qui ne tente rien n'a rien. Ces petites phrases sont aussi souvent issues du répertoire des dictons familiaux. "Chez les Ledurieux, il n'y a jamais eu de…" Alors, à l'avenir posez-vous la question "Qui a dit cela ? Ai-je envie de le croire aussi ?".

• Les généralisations abusives

Tous, toujours, jamais, personne, nulle part, partout. Générateurs de préjugés, ces petits mots se retrouvent indirectement dans les formulations : les hommes sont…, les femmes sont…, les auvergnats sont …, les notaires sont… Et vous, que croyez vous des femmes, des hommes, des auvergnats etc. ? Apprenez à modérer vos propos, vous gagnerez en crédibilité. Utilisez plutôt :"généralement", "souvent", "à plusieurs reprises".

• Les expériences fortes et les conclusions hâtives

Agression dans la cour de récré par un gros rouquin, voiture emboutie par un 4x4, nuit torride avec un(e) grand(e) blond(e), sont autant d'occasions de conclure que les gros roux…, les 4x4…, les grand(e)s blond(e)s… La croyance mise en place lors d'expériences fortes sert à se protéger de ce qui nuit ou à aller vers ce qui procure de l'agrément. Pour autant, les relations de cause à effet établies restent souvent très discutables. Quelles expériences fortes avez-vous vécues ? Qu'en avez-vous conclu ?

Adopter l'idée que nos certitudes peuvent se révéler erronées permet de gagner en ouverture d'esprit. Car vous l'avez maintenant bien compris : on ne peut pas ne pas croire. Croire en rien, c'est croire qu'il n'y a rien. Nous avons tous des croyances aidantes. Elles sont positives pour nous parce qu'elles nous protègent et nous aident à progresser, parce qu'elles nous rendent sereins, tolérants et ouverts. Et puis il y a les croyances limitantes. Elles nous rendent malheureux, peureux, rigides. Quelquefois même, elles nous mettent en danger. Et d'une manière générale, elles ferment notre esprit et entravent notre évolution.

Alors, puisqu'on ne peut pas ne pas croire, autant modifier ses pensées et choisir de croire ce qui est aidant et ouvrant pour nous. Bien sûr, il n'est pas facile de repérer ses propres croyances et c'est déstabilisant de lâcher ses confortables certitudes, mais on y gagne, à terme, en liberté d'esprit.

Pour vous libérer d'une croyance limitante, posez-vous ces questions : "Est-ce bon pour moi d'entretenir cette pensée?", "En quoi est-ce aidant pour moi de croire cela?", "Ai-je encore besoin d’y croire pour être heureux?".

Si oui : cette croyance est encore utile, gardez là mais n'espérez pas de changement.

Si la réponse est "peut-être" : le changement est en cours, laissez le mûrir.

Si non : il vous reste à choisir d’être ce que vous avez envie d’être.