Fêtes de fin d'année
période merveilleuse ou cauchemardesque ?
A regarder les magazines, les publicités ou pire : les téléfilms de Noël, la période des fêtes est un moment féerique où tout le monde est béat. On nous présente à chaque fois une famille caricaturale : un papa, une maman, deux ou trois enfants, deux grands-parents modèles et le chien. Et tout ce petit monde se regarde avec un sourire émerveillé autour d’un sapin illuminé. Pourtant, bien que le récit collectif nous en fasse ce descriptif idyllique, la période des fêtes de fin d’année est loin d’être facile à vivre. Elle peut même être une terrible épreuve pour certains d’entre nous car l’obligation sociale de s’afficher heureux à cette période sert par contraste de révélateur de notre mal-être.
Noël devient alors le thermomètre de notre développement personnel et nous donne avec une cruelle franchise, la température de notre vie.
Il y a bien sûr, ceux qui sont en deuil
C’est pour eux que cette période est la plus difficile car ils sont de surcroît souvent isolés dans leur chagrin. Ceux qui viennent de perdre un être cher sont évités par leur entourage. Ah, le silence du téléphone pendant les six à neuf mois qui suivent un décès, il faut l’avoir vécu pour le connaître ! Ce premier noël sans l’être aimé est l’une des pires épreuves sur le chemin de croix du deuil, mais elle est incontournable. Courage, le second noël sera moins douloureux et le troisième encore moins. Comme le chante si bien Brel, on n’oublie pas mais on s’habitue.
Il y a ceux qui sont trop seuls
Les personnes âgées sont les premières concernées par cette solitude. Et oui, sur l’image d’Epinal citée plus haut, il n’y a que deux grands-parents. Les deux autres sont les « beaux-parents ». Ne pas confondre ! Eux seront exclus de la fête, surtout s’ils sont veufs, car ils cumulent avec le handicap précédent. On ira leur rendre une petite visite le premier dimanche disponible après les fêtes (pour récupérer les cadeaux !). Dans l’éducation de nos anciens, la famille était l’unique valeur de référence. On ne copinait pas, on recevait peu, on sortait encore moins. Mais à être trop «famille», passé un certain âge, on prend le risque d’être très isolé pendant les fêtes. Ne faites pas peser votre déception sur vos enfants, ils doivent jongler entre leurs deux belles familles et ça n’est pas facile. Constituez-vous un cercle d’amis ou profitez-en pour voyager. Quant aux plus jeunes, célibataires, si vous êtes seuls pendant les fêtes, c’est le moment de vous interroger sur vos aptitudes sociales comme sur vos objectifs à long terme. Mais consolez-vous aussi en lisant la suite. Voilà ce à quoi vous échappez !
Il y a ceux qui ne le sont pas assez
Ne croyez pas que Noël est plus facile à vivre lorsqu’on a beaucoup de famille. Que fêter, avec qui et quand ? Comment exclure, parce qu’il faut bien limiter les invitations, sans froisser des susceptibilités ? Dans les familles reconstituées, la tâche se complique bien évidemment encore plus. Combien de réveillons cela fera-t-il au total ? Comment protéger son foie, son poids sans passer pour le rabat-joie de service ? Avez vous déjà essayé d’être végétarien, bio, anti-alcool ou simplement raisonnable pendant les fêtes ? Bon courage ! Et puis il y a le casse-tête des cadeaux. Plus la famille ou le cercle d’amis sont grands, plus le budget à y consacrer est important et plus le temps de shopping va aussi être conséquent. Les efforts de mémoire, d’imagination et de diplomatie sont également proportionnels : «Voyons, qu’ai-je offert à Oncle Albert l’an dernier et que vais-je lui offrir cette année ?» Shopping, préparations, réveillons, seront de plus à caser dans le peu de temps libre que vous laisse votre boulot. Plus les veillées des réveillons. Vivement janvier qu’on se repose un peu en allant juste travailler !
Il y a ceux qui croient au Père Noël et ceux qui n'y croient plus
En tant que parent, vous avez sûrement été confronté à la difficulté de faire avaler la fable du Père Noël à votre cher petit. Même très jeunes, les enfants d’aujourd’hui ont l’esprit critique bien développé. « Où il habite, ton Père Noël ? Dans les nuages ? Ah, en Laponie, c’est un peu plus crédible ! Mais comment il fait pour livrer tous les enfants de la Terre ? Plus fort que Colissimo, alors ! Et pourquoi les enfants pauvres n’ont-ils pas autant de cadeaux que les enfants riches ? » De réponse en réponse à des questions de plus en plus pointues, les parents s’enlisent dans un mensonge de plus en plus incohérent jusqu’au jour où il faudra bien avouer la supercherie. Longtemps, notre cher petit nous fera payer notre trahison (et notre culpabilité) en constituant une liste de noël aussi cynique qu’une commande de VPC.
Les fantômes des Noëls futurs
Non, Noël ça n’est pas que la fête des enfants. Le conte de Noël de Charles Dickens représente bien l’aspect «remise en question et bilan de vie» de cette période des fêtes : Scrooge, un vieil homme seul, aigri et radin est obligé par les fantômes des Noëls passés, présent et futurs à faire face à sa propre réalité et à changer sa façon d’appréhender la vie. Ce qui lui apporte enfin le bonheur.
A l’instar de ce grincheux, vous pouvez vous aussi développer votre capacité à débrancher du quotidien, des infos sinistres, du boulot et vous abandonner à la fraîcheur du moment. Bref, vous pouvez retrouver votre innocence, votre âme d’enfant, votre capacité à vous laisser attendrir par la vie. Il suffit pour cela de vous poser les bonnes questions : Quel genre de Noël aimeriez-vous vivre l’année prochaine ? Est-ce que cela dépend de vous ? Sachant que vous ne pourrez pas changer les autres, qu’est ce que vous pouvez faire, vous, à votre niveau, pour aller vers ce résultat ?
Vous avez douze mois devant vous, fixez douze étapes intermédiaires qui vous rapprocheront progressivement de votre objectif. A vous de définir lesquelles.
Si ce n’est cette année, au moins pour l’année prochaine, Joyeux Noël à tous !
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Véronique (mardi, 21 décembre 2021 07:07)
Merci Christel,
C’est très juste, comme toujours.
J’ai toujours eu plaisir à répondre aux innombrables questions de mon fils, dès ses 3 ans.
Mais il y en a une, qui m’a laisséesur la touche, incapable d’apporter le moindre élément de réponse:
« Alors, le Père Noël, il n’apporte pas de cadeaux aux enfants pauvres … Déjà, qu’ils sont pauvres, et en plus, le Père Noël choisi de ne rien leur donner… ?!?! ».
Il avait 3 ans et moi 38 ans, je n’ai jamais su que répondre à cela.
Il n’y a jamais vraiment cru, mais il est resté assez longtemps dans cette incertitude.
Plus longtemps que ses camarades qui y avaient cru.
Le doute…
Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année.
Arnaud Arnaud. (mardi, 21 décembre 2021 14:18)
Un écrit toujours aussi juste et accessible. Merci.
Une très belle fin d'année.
Bien amicalement.
Arnaud
Muriėle R. (mardi, 21 décembre 2021 20:49)
C est tellement ça . Tellement bien écrit, et
parfois Noël est joyeux, et d autres tellement triste que l on soit seul ou bien entouré.
Amitié. Muriėle
Florencia VDB (jeudi, 23 décembre 2021 14:57)
Merci pour ce beau texte
Je vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année quelque soit la thématique, choisie ou subie
J’aime beaucoup l’idée des 12 mois et de la réflexion pour noël prochain
Un peu comme Yule avec le portail du 21/12 ou cette belle métaphore dans oscar et la dame en rose
Merci pour tout et hâte de vous lire à nouveau
Un beau ressourcement en tous cas
Pour ma part, après la vérité connue sur le père noël, j’ai toujours cru en la magie et la féerie de ce beau moment si particulier �
Je ne m’étais jamais rendue compte de cette introspection que je fais beaucoup plus en cette période de l’année
Alors mille merci ��