Apprivoiser la mort pour pouvoir vivre !
Depuis quelques mois, la mort rôde autour de nous d’une façon aussi insidieuse qu’insistante. Ce nouveau virus qui est un risque latent et permanent nous met dans l’obligation de faire face à notre statut de mortel.
Récemment, aussi, le 1er novembre nous a invités à nous recueillir, à penser à nos défunts et à méditer sur notre propre départ. Mais, de l’aspect sacré de la Toussaint, il ne reste aujourd’hui pas grand-chose. Pourtant, la mort est un passage aussi capital que la naissance et fait partie intégrante de la vie. C’est en faisant face à cette évidence qu’on peut donner une autre dimension à son existence.
Déni, mépris et peur panique
Dans notre société en perte de repères religieux, un matérialisme forcené s’est imposé au détriment de ces besoins profondément humains d’idéal, de sacré et de spiritualité. De la mort, nous avons oublié tout ce que notre culture avait érigé en sagesse. Cela explique en grande partie le mal-être ambiant et la multiplication des angoisses individuelles. Hors de toute spiritualité, quel sens donner à son passage sur cette planète ? Aujourd’hui, la peur de la mort est devenue telle qu’on la cache et qu’on la fuit comme une obscénité. Pourtant, même niée, zappée, refoulée ou banalisée par les infos, la mort se rappellera tôt ou tard à notre amnésie.
Oser en parler
Seule contre tous à ses débuts, le Dr Elisabeth Kübler Ross s’est battue toute sa vie pour réhabiliter la mort et l’accompagnement des mourants. Elle est à l’origine de la découverte des étapes psychologiques du deuil et de la création des unités de soins palliatifs. Cette femme hors du commun prônait l’écoute et le respect de la dignité humaine des personnes en fin de vie.
Ainsi, pour partir en paix, le mourant aurait besoin de parler de son départ, de ses dernières volontés. Il aurait à transmettre son amour, ses remerciements, ses adieux. Plus prosaïquement il voudrait s’assurer du devenir du conjoint, du chat, du chien ou du pavillon, donner des consignes pour l’assurance vie... Alors, il essaie prudemment : « Tu sais, quand je ne serai plus là …. », mais sa famille, paniquée, s’empresse de lui couper la parole. « Ne dis donc pas de bêtises, tu vas guérir bientôt ! » Quelle naïveté de croire que les mourants ne se rendent compte de rien et qu’on peut leur cacher qu’ils vont mourir ! De même, au lieu de raconter des sornettes débilitantes du genre « Ton pépé est parti en vacances pour très longtemps. », il serait urgent de réapprendre à expliquer simplement la mort aux enfants.
Ne plus avoir peur de mourir pour vivre enfin
Ce déni et cette peur de la mort ont des conséquences dramatiques : on oublie de profiter de la présence de ceux qu’on aime pendant qu’ils sont là. On reporte aussi l’essentiel à demain comme si on était immortel et on en oublie quelles sont nos vraies priorités. Jacques Brel disait : « Je préfère rater et m’être trompé que de mourir en n’ayant pas essayé d’atteindre mes objectifs. »
Alors, n’attendez pas le moment de votre mort pour vous mettre à vivre…
Christel Petitcollin
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